«Le bonheur consiste à s'apercevoir que tout est un grand rêve étrange»
-Jack Kerouac

Court circuit

Bien. Je suis bien.
Loin. Je suis tellement loin.
Et pourtant si plongée dans le présent,
dans l'instant que je peux figer, que je peux prolonger,
J'ai ce pouvoir.
Une nuit de déboires en est le coût.
Mais la lucidité est une récompense à l'épreuve.
Le corps usé, les os mous, le cerveau en filligrane,
La clarté apparaît, les choses telles qu'elles sont,
Des réponses flottent; c'est une pêche.
Ca ne dure pas longtemps, il ne faut pas retenir le temps.
C'est un court circuit, une impasse au bout de laquelle, une porte cachée.
Une clé seule peut l'ouvrir : un oeillet tombé, une réalité contemplée,
vérités prêtes à cueillir, l'âme en réception, accueil et retour chez soi...
C'est une garde partagée, pour nous, oui.
Plus possible de vivre chez l'un en ayant connu l'autre.
S'asseoir sur les deux voies, pédaler à gauche un coup, puis à droite.
Ainsi, avancer. Rouler. Propulser notre véhicule.
La vitesse comme une main passée sur la peinture concrète
Une caresse et un esthétique gribouillis au passage... doux passage...
Des lampandaires dont les rayons se prolongent
Lumière. À travers la myopie, les sens émoussés,
Le regard voilé, réalité observée avec respect, détachement
Les détails n'ont plus de sens
La masse créée son im-pression
Et le coeur s'y retrouve
Enfin l'essentiel
Le message est clair
Pendant un instant, le Temps et Moi, on s'est dévisagé.

À dos de plume

Sourires perdus au fond des brumes, quelques plumes qui volent dans le temps pour remplir le fossé disparu...
Enfants ni trop grands, ni trop petits, qui jouent avec la grande Roue, qui ne connaissent ni le vent ni les maux...
Qui n'ont de mots que pour faire voler le temps, les plumes au dos, les grands maux disparus dans les fossés des sourires oubliés...
Les odeurs d'usines de malt emplissent le coeur des hommes aux milles maux, pris, captivés dans la fosse aux mots perdus...
Les brumes... Les brumes jouent avec nos coeurs, emplissent les hommes, font des sourires aux petits et inondent les grands...
Sortir du fossé, retourner au paradis des sourires retrouvés et des mots qui volent à dos de plumes.
Sortir du fossé, du fossé aux maux oubliés, aux malheurs égarés.
Sortir du fossé, à coup de malt, bonheur retrouvé, et perpétuer les brumes de la Grande Roue...

Laisser tomber. PAF.

Elle avait longtemps hésité.
Regardé à gauche, regardé à droite ...
Avait vu les choix parallèles ...
Et elle avait décidé de sauter.
En avant, à pieds joints, en même temps que le battement, Thou-Thou !, de son coeur qui voulait vivre la vie.
4 ans, ça finit par être long. Elle n'avait plus envie de danser dans des souliers qui lui faisaient mal, égratignant l'âme à chaque claquement, CLAC!, de mouvemensonge.
Non. C'était terminé. Pour l'instant.
Mais voilà. Fidèle à sa vague, elle avait interrompu la cadense en pleine danse, la danse finale, créant un silence, Ssshhuuuttt..., et quelques rires masqués.
Elle-même avait été frappée de cette dépossession, elle n'avait pas tout compris.
Elle avait rageusement suivie ses envies...Égoistement.
Elle avait simplement arrêté. De bouger. Pour écouter. Son coeur. Battre. BOOM. La vie. CLAC.

Citations

  • «Une montagne, pour moi, est comme un Buddha. Pense à leur patience. Il y a des centaines de milliers d'années qu'elles sont là, parfaitement silencieuses, comme si elles priaient pour tous les êtres vivants, dans le silence, attendant que nous mettions un terme à notre agitation et à nos stupidités.» - Les clochards célestes, Jack Kerouac
  • «Les universités [ne sont] pas autre chose que des écoles de dressage pour les représentants de la classe moyenne, dépourvus de personnalité, comme ceux qui peuplent les rangées de bungalows cossus, alignés, aux abords de la cité universitaire, avec pelouse, télévision et living-room où tout le monde regarde en même temps le même spectacle et pense la même chose, tandis que les Japhy du monde entier rôdent dans le désert pour entendre les voix qui crient dans le désert, connaître l'extase étoilée de la nuit, découvrir le mystérieux secret originel de notre civilisation sans visage, sans beauté et sans scrupules.» - Les clochards célestes, Jack Kerouac